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21 décembre 2024

Antique

Profitant de ma periode inter-contrat forcée, et de vacances scolaires anticipées pour Tom, nous avons pris la decision de dernière minute de passer quelques jours a Rome entre Pere et Fils. Quatre jours dans la capitale italienne pour se promener, voir les sites étudiés en classe, gouter des recettes locales, entretenir la connivence, couper avec la routine... Bref tout un programme que l'on s'est empresse d'executer. 

Rome a cela de merveilleux qu'au simple detour d'une ruelle on découvre une ruine, une église, une colonne antique ou une trattoria doublée d'une gelateria... Aussi, nous avons marche. Beaucoup marche. 23km le premier jour en ne quittant notre appartement qu'a midi. Puis quinze a dix-huit les jours suivants... pour ne pas trop en faire. Au final on aura donc parcouru 78km en quatre jours, le tout entrecoupe de quelques pauses culturelles ou gastronomiques.



Commencons par le culturel. Tom avait a coeur de voir les grandes attractions locales. Colisée, Pantheon, Vatican et sa chapelle Sixtine... On a donc tout fait. On en a aussi profite pour errer dans les rues de Trastevere, de Monti, de Parione... Tous ces petits quartiers mitoyens dans lesquels on glisse sans y prendre garde en empruntant des ruelles pavées, étroites et pourtant empruntées par des véhicules en tout genre quitte a frôler de près les touristes ou scooters gares le long des murs de stuc rougeâtre. La distance parcourue témoigne de cette envie de se laisser perdre dans ce dédale de rues enchevêtrées. 


D'autant qu'un certain nombre de plaisirs nous y attendaient. Un match de foot entre l'AS Roma et la Sampdoria, par exemple, ou les gialorossi ont enchaine les buts pour vaincre, devant 50 milles spectateurs en furie, les Génois 4 a 1. Une glace a rallonge avec un éventail de 150 parfums aussi délicieux les uns que les autres. Une pyramide. Un space invader. Un restaurant recommande par la prof de français de Londres qui a de la famille a Rome. Une sandwicherie de footeux... Bref, on en a pris plein les yeux, le ventre et les pieds. 

Il est temps de retourner a Londres car les cousins de Paris arrivent pour les fetes. Et puis Marie-Anne et Arthur nous manquent aussi. Un peu.

24 janvier 2022

L'arbre genealogique grandit encore. Les souvenirs aussi.

Le travail genealogique dans lequel je me suis inscrit alors que l'on entrait dans notre premier confinement lie au COVID progresse. Et pour cause: cela fait bientot deux ans que je creuse le sillon de nos archives et histoires familiales.

En premier lieu, l'arbre direct d'Arthur et Tom est quasiment complet sur plus de dix generations et mon arbre etendu compte desormais plus de 9000 individus. Il y a certes encore certaines zones d'ombre, notamment dans la branche italienne ou les archives ne sont pas forcement aisement accessibles ou claires. Mais j'ai bon espoir de completer cette vue dans les mois a venir.


Mise a jour: Aout 2024 (sur 10 generations)

En parallele, je me suis donne comme challenge de remonter le plus loin possible la famille Chambaz/Chamba afin de comprendre nos origines sur cette montagne du Grand Serre. Cela implique un recenssement systematique de tous les homonymes de la proche region, afin de comprendre les liens de parentee, les branches qui s'etiolent et celles qui ont persiste jusqu'a nos jours. Ce sont desormais quelques 390 personnes que j'ai connectees a notre arbre par des liens plus ou moins forts mais qui toutefois m'ont permis de mieux comprendre ou se trouvaient l'epicentre de notre famille, Le Sappey en Laffrey, et comment les differentes generations d'agriculteurs et de tisserands ont essaime les coteaux de cette montagne et les vallees avoisinantes. Je ne suis pas encore au bout de cette  recherche car au XVII siecle, il y a encore plusieurs familles qui habitent les petits hameaux de la region mais que je ne parvient pas a relier avec certitude. Je n'ai pas non plus identifie le premier Chamba du Sappey ou comment il etait arrive la... A suivre.   

Cela etant, cette exploration m'a deja beaucoup apporte. Personnellement elle m'a permis de rencontrer des experts de l'aviation, d'en savoir plus sur la campagne de Norvege aux premices de la seconde guerre mondiale, de faire connaissance avec des inconnus qui partagent pourtant des aieux communs, de decouvrir ma propre histoire et finallement de me pourvoir d'un nouveau passe-temps a une periode ou la mode est plutot a la fermeture... 

Mais cette exploration avait surtout une vocation de repondre au devoir de memoire, et de partager avec nos enfants les informations et annecdotes de leurs racines. C'est donc avec un plaisir non dissimule que j'apprends au gres de mes discussions que ces portraits interessent plus de gens que ces deux petits Anglais exiles. Aussi, comme je viens de finaliser une nouvelle generation, je vous les remets en avant ci-dessous, au cas ou vous aillez manque une mise a jour. Ce sont desormais tous les arriere-arrieres grands parents et les arriere-grands parents de Tom et Arthur pour lesquels les portraits sont disponibles sur ce blog. Je continue de les mettre a jour au gre des informations glanees dans mes recherches, aussi n'hesitez pas a me faire part de cliches et de souvenirs que ces lectures pourraient rappeler a votre memoire. D'avance merci, et bonne lecture.

5 février 2000

Gaetano Pietro Picchiottino (1872-1949) & Maria Margarita Recrosio (1880-1964)

(Mise a jour 29/11/2021)

Nous sommes a la fin du XIX siecle, dans le Piemont italien. Loin de la bouillante et industrielle Turin un peu plus au Sud, Ronco Canavese est un petit village encaisse au fond de l'etroite Val Soana, en bordure du parc national du Grand Paradis. C'est la que Gaetano Pietro Picchiottino nait en 1872. 

L'environement montagneux n'est pas des plus propices a l'agriculture, et l'economie y est de fait tres limitee. Durant les mois d'hiver, il n'est pas rare que ces vallees piemondtaises soient coupees du monde pendant plusieurs mois suite a une avalanche. Les gens y sont pauvres et ne mangent pas tous les jours a leur faim. A l'image des petits ramoneurs savoyards, de l'autre cote de la frontiere, les enfants sont souvent mis a contribution tres tot pour aider a subvenir aux besoins de la famille. 

Issu d'une famille de vitrier-zinceur, Gaetano Pietro part ainsi jeune tenter sa chance en France comme plusieurs de ses cousins. Il existe en effet toute une filiere d'entraide pour ces jeunes bras qui peuvent offrir leurs talents dans les villes frontalieres. Ils traversent les Alpes pour quelques mois, histoire de vendre leur industrie, faire un peu d'argent, avant de s'en retourner dans leurs villages, leur paie en poche. 

De fait, la presse de l'epoque fait etat de ces groupes d'Italiens, se deplacant de villes en villages pour chercher du travail... Ou faire fortune parfois par des moyens pas tres respectables. Dans une chronique legale de l'Impartial Dauphinois de fevrier 1874, on peut lire comment un certain Guillaume Picchiottino de Ronco, chaudronnier de son etat, s'est retrouve sur le banc des accuses pour avoir fondu de la fausse monnaie et l'avoir utilisee vers Bourg D'Oisans avec un complice lors d'un colportage en France. En 1884, un autre journal, le Patriote Savoisien, rapporte comment un groupe de Piemontais ont echange des coups de couteaux lors d'une rixe avec des habitants de Saint Jean D'Arvey, sans doute emeches. Le coupable, un certain Andre Picchiottino de Ronco passera trois mois en prison...

Bref, les Italiens ont le sang chaud et on ne leur rend sans doute pas la vie facile a ces migrants... Ce n'est donc pas tout a fait un hasard si l'on trouve la trace de Gaetano Pietro dans les registres carceraux de la maison d'arret de Briancon. On est en 1885, et celui-ci vient d'etre interpelle en flagrant delit de vol... Il ne s'agit sans doute pas d'un gros larcin car Gaetano Pietro ne sera incarcere que trois jours, entre les 3 et 5 juin... 

Vos calculs sont bons. Si le registre des naissances de Ronco est fiable, Gaetano Pietro est a peine age de 13 ans au moment des faits, mais son casier judiciaire ci-dessus lui en accorde 19. Difficile de savoir s'il a menti sur son age pour etre traite comme les adultes avec lesquels il voyageait plutot que d'etre place, ou bien si ce sont plutot les gendarmes qui ont fait du zele pour donner une lecon a cet etranger vetu de noir. En tous cas, du haut de ses 1m46 il ne devait pas faire le fier entre quatre murs.

En Janvier 1900, Gaetano Pietro est en Italie. Il epouse le 1er Février Maria Marguerita Recrosio, nee en 1880, elle aussi a Ronco Canavese. Ronco est un petit village est les quelques familles etablies dans ces vallees se marient entre elles sans doute pour proteger les petits patrimoines agricoles. Mais au cours de ses 18 premieres annees Gaetano Pietro a deja beaucoup vecu, et il comprend que l'avenir de son foyer s'ecrit ailleurs. 

Le couple part donc s'installer a La Mure, dans la region matheysine qui se trouvent a quelques centaines d kilometres, sur le versant francais des Alpes. La Mure a quelques atouts pour ces emigres: il s'agit d'une ville miniere qui reste finalement peu eloignee de leur terre natale et permet des allers-retours occasionnels pour rendre visite a la famille restee au pays. Il y a aussi du travail car l'industrie prend son essor en ce debut de siecle, et elle a besoin de combustible et de matieres premieres. Un jeune cousin les suivra quelques temps plus tard, sans doute inspire par ces aines : Giovanni 'Jean' Picchiottino passera aussi la frontiere definitivement puisqu'il epousera une fille du coin, Marie Philippine Serre, et se fera naturalise en 1927. 

Si Maria se fera naturaliser le 28 janvier 1928, Gaetano Pietro lui ne sautera pas le pas a priori. Il reste fidele a son Italie natale, et a son corps de metier. Il cree ainsi une entreprise de vitrerie et l'installe dans la maison familliale du 15 de la rue Cotte Rouge. En 1906, lors du recensement national, deux apprentis d'origine italienne resident avec la famille... Meme s'il s'est sedentarise, Gaetano continue de faire fonctionner la filiere des etameurs qui lui a permis d'en arriver la.   

Ce meme recensement nous apprend que le foyer s'est agrandi. Trois de leurs cinq enfants sont deja nes, deux de plus suivront. Selon les circonstances et les documents, leurs noms oscillent entre leur version italienne ou francaise, comme c'est souvent le cas pour les immigres de premiere generation. La fratrie complete incluera donc: 

Maria Marguerita et Gaetano Pietro vivent une vie rangee, et la prochaine fois que l'on voit apparaitre leur nom dans la presse locale ce sera pour les exploits sportifs de leur fils Pierre avec le Rugby Club Murois, ou parce qu'une... "poule égarée s'est réfugiée chez M. Picchiottino, rue Cotte-Rouge, chez qui le propriétaire peut la réclamer". Veridique! 

Meme la Grande Guerre ne viendra pas troubler cette quietude. En tant que resortissant italien et de part son age, Gaetano ne fut pas mobilisable dans les forces francaises, ni lorsque l'Italie entra en guerre en 1915.

Gaetano Pietro decedera en 1949. Maria Marguerita lui survivra jusqu'en 1964. Tous deux sont enterres a La Mure. Le couple y repose sous les prenoms Pierre et Marguerite...