Cela fait plusieurs mois que je me suis engage sur le chemin qui mène a
nos racines familiales. A l'époque j'avais essaye de consigner
mes ambitions
dans un article sur le concept de transmission. Depuis j'ai beaucoup avance
puisqu'a date mon arbre généalogique reference plus de 4500 personnes. C'est
beaucoup, mais il ne s'agit la que d'une petite fraction de ce qui reste a
découvrir. Pour autant, je voulais partager mon experience, et capturer
certaines reflexions faites lors de ces plongées dans le temps.
A quoi bon?
"L'Histoire est une série de mensonges sur lesquels on est d'accord" disait
Napoleon Bonaparte... Cette citation s'applique tout autant a l'histoire, avec
un petit h. Le travail généalogique repose sur la mise a disposition de
sources documentaires permettant de tracer des liens et des faits pour des
individus. Actes de naissance, mariages, deces mais aussi fiches matricules ou
actes notariaux publics... Tous ces documents officiels, produits par les
administrations civiles ou religieuses, permettent de remonter le temps, un
feuillet poussiéreux apres l'autre.
Bien entendu avec la numérisation desdits documents il devient de plus en plus
facile de verifier une date ou un lien familial - en tous cas sans avoir a se
déplacer dans des archives ou des cimetières a l'autre bout du monde. On peut
donc remercier les Mormons qui dans leur quête d'indexer et d'évangéliser le
monde ont offert aux passionnés comme moi un outil de travail fort efficace. Cela
étant, cela reste fastidieux, et ne donne que plus de credit a ceux qui m'ont precede et ont abattu un travail énorme.
Le second benefice d'internet est que le travail individuel peut etre
collectivise. Ainsi certains publient leur arbre ce qui permet en identifiant
des aïeux communs de connecter les informations entre elles, et donc de faire
grandir un arbre plus rapidement...
Mais il y a bien entendu des limites, qui sont principalement l'intégrité de
la source, comme toujours sur internet. Une erreur, volontaire ou
accidentelle, peut ainsi etre multipliee a l'infini, jusqu'à s'imposer comme
la vérité. Il est certes possible de verifier certaines informations a condition que
les preuves documentaires existent. Or entre l'absence de documentation par
illettrisme des classes populaires et les degradations et autres disparitions
de documents, il y a un moment ou l'on bascule dans les hypothèses, les
speculations ou les mythes. Se pose alors la question de pourquoi étoffer un
arbre au dela du XVIIe siècle, avant quoi les documents sont rares, peu
fiables ou tout simplement inexistants. Peut etre car on se reve tous des
glorieux aieux?
Il est l'heure, mon Seigneur...
Rois, Ducs, Comtes, chevaliers... La noblesse etait la caste instruite en
Europe, et il n'est donc pas étonnant que l'on trouve plus de documentation
sur ces familles, leurs mariages, leurs descendances... que pour leurs serfs.
Il y avait aussi l'enjeu économique des heritages et des droits qui a forcement encourage
les écrits.
Or si la plupart d'entre nous descendons plus récemment de lignees
populaires (en 2007 il ne subsistait que 3092 familles de la noblesse
française selon Wikipedia), ladite noblesse a beaucoup évolué au cours des
siècles, perdant de son emprise sur les pays, l'économie, les populations,
leurs terres et leurs titres. Le modele féodal, les jeux d'alliance et de
succession ont parfois conduit a ce qu'un noble voit ses titres, domaines et
privileges se diluer au grès de mariages avec des représentants d'une petite
noblesse locale voire de la bourgeoisie ou meme des membres de la société
populaire.
Par ailleurs, si a chaque generation on multiplie par deux le nombre
d'ancêtres et qu'il y a environ 45 generations jusqu'a l'année 800 (l'époque
de Charlemagne) on devrait mathématiquement avoir un peu plus de 35 milliards
d'ancêtres possibles. Or, les historiens s'accordent a chiffrer le nombre
d'habitants en France a cette époque entre 8 et 15 millions. Cette difference
s'explique par le concept d'implexe. Parmi nos ancêtres, il se peut que
certaines branches se recroisent en amont, quand deux aieux se marient entre
eux. L'implexe des ancêtres est ainsi la proportion entre les ancêtres théoriques et
reels. Quelqu'un issu d'un mariage entre cousins germains perd ainsi un quart
de ses ancêtres.
Des lors en absence d'étanchéité sociale et avec la probabilité des implexes,
il est plus que possible, il est meme probable qu'une lignee populaire se mêle
a celle d'une famille noble. C'est ainsi que l'on peut presque tous se
proclamer, avec un degré de confiance assez élevé, comme des descendants de
l'Empereur des Francs mentionne plus haut.
Quand un tel croisement se produit, les entousiastes comme moi peuvent alors poursuivre leur
exploration a travers les siècles grace aux bases documentaires de la
noblesse. Avec bien entendu les reserves sur la véracité et l'intégrité des
sources susmentionnées.
Qu'a cela ne tienne, j'ai pu identifier dans les
branches dauphinoises de notre arbre plusieurs connexions avec les castes
chevaleresques de l'Hexagone. Alors il s'agit en premier lieu de la toute petite noblesse
régionale mais en remontant a l'envers la dilution évoquée plus haut, on peut
trouver une filiation avec des grandes familles comme les De Geneve, les
Bourgogne, les Orleans, les Ducs de Normandie ou les Carolingiens... Et quand
on arrive au niveau des têtes couronnees, on comprend alors que le jeu
d'alliances se jouait a l'échelle internationale, avec les grandes familles
qui se marient entre elles, multipliant les implexes pour agréger et protéger
les zones d'influence. Ainsi, notre foyer ne serait donc pas le premier a s'installer
sur le territoire de la Perfide Albion puisque l'une des branches remonte
jusqu'a Alfred the Great (842-899). C'est passionnant et donne envie de
revisiter ces cours d'histoire écoutés que d'une oreille a l'epoque.
Ces liens, ténus s'il en est, mettent certes des personnages historiques en
lien avec nous, mais ce qui m'a personnellement le plus intrigue c'était de
voir les points de rupture dans ces lignees. Qui est cette Anne Nicollet
(1655-1731) qui, bien que ses grand-parents étaient nobles, s'est mariée avec
ce "simple" fils de notaire a Lavaldens, petit village montagnard au fond de la
vallée de la Matheysine?
Exode rural
La Matheysine justement... De par mon affinité personnelle avec cette region
alpine au Sud-Est de Grenoble, mais aussi parce que quatre des huit branches
issues de mon mariage s'y deploient, j'ai explore
notre genealogie sur cette region avec un peu plus d’attention. Pour contexte, on parle d'une vallée qui en
amont remonte jusqu'au village de La Morte, descend vers La Mure, converge
avec le Valbonnais avant de deboucher sur le Trieve tout proche. C'est assez
enclavé, certainement rural, et assurément montagnard.
Dans cette zone quasi autarcique les noms sont rapidement redondants. On trouve des
Mistral, des Ruelle, des Clavel, des Freynet, des Mutte, des Moutin, des
Poncet... à foison. Or au regard de la faible mobilité des gens des campagnes
à l'époque, on ne peut que penser que ces homonymes sont tous liés par le
sang. Et de effet, on trouve quelques implexes qui dénotent de forts liens de
consanguinité. Mais le plus souvent ces liens familiaux sont éloignés de
plusieurs generations (le clergé vaillant à cela puisque un mariage entre cousins germains nécessitait un accord papal) .
Cette constatation m'a conduit a repenser ces villages que j'ai traverse
maintes fois lors de mes passages dans la region. Il n'y a de nos jours que
quelques âmes qui y vivent. Or si les familles ne sont pas aussi inter-reliees
qu'on aurait pu le penser, c'est qu'il y avait suffisamment de personnes a
l'époque pour que les gens s'unissent sans se télescoper. Difficile de se
projeter a l'aune des populations actuelles. En effet, quand je pense au
village de La Morte aujourd'hui et que je fais l'abstraction des immeubles
modernes et des chalets recents, il ne reste pas grand chose debout qui puisse laisser croire a un village de taille significative.
L'une des familles les plus renommees sur le village, et dans les
hameaux peuplant le pan grenoblois de la montagne est celle des Mistral. Par
exemple, le fils du maître-maçon Hippolyte Mistral, Paul, fut
deputé-maire de Grenoble pendant 13 ans. Son propre fils, Paul, sera lui maire
de La Morte et Sénateur... Chaque generation de Mistral est plutot large et donc les probabilités d'union sont elles aussi elevees, et pourtant aucun ne
rencontrera notre lignée directe. Quelques cousins éloignés et
le décès soudain du député-maire
dans l'hotel de mes arrrières-grands-parents semblent être les seules
connexions.
C'est donc que le village de La Morte était plus peuple qu'il ne l'est
aujourd'hui. Et que le meme point s'applique a bon nombre de ces petits villages
de montagne, comme des campagnes. L'exode rural vers les villages, puis les
villes, et finalement les grandes agglomerations transpire indéniablement de
cette exploration généalogique. On y voit la concentration des populations,
puis les mouvements vers des villes plus grandes.
Le monde est petit, cousin.
Meme s'il y a eu des migrations vers les villes, et que les terroirs familiaux
se sont petit a petit dépeuplés, je reste particulièrement surpris par la
relative stabilité de nos ancêtres. Comme on le voit sur la carte ci-dessous,
il y a en effet trois zones dans lesquelles nos aieux se sont concentres: le
Finistère, le Berry et le Sud du Dauphine.
Alors certes les déplacements étaient plus laborieux, dangereux et peu
encouragés, mais il semble que ce ne soit qu'avec la premiere guerre mondiale
que l'on voit les premiers essaimages hors des regions originelles. Pour nos
ancêtres, le monde etait petit, géographiquement, mais aussi culturellement et
socialement.
En remontant les différentes branches, on trouve donc bien des implexes et quelques cas de consanguinités. Ce qui m'a conduit a rechercher un éventuel lien de cousinage
avec Marie Anne. Apres tout, attendu qu'au niveau de nos grands parents
respectifs, trois branches sont présentes aux alentours de La Mure et des pays
environnants, il y avait une possibilité... qui s'est avérée vraie.
Marie-Anne et moi avons bien des aieux communs, mais uniquement a la onzième
generation, soit au XVII siècle. Du mariage d'Anne Roux et Hugues Brun-Vallet
vers 1625 découlent plusieurs familles qui pointeront ainsi vers la grand-mere
maternelle de Marie-Anne, mais aussi mes deux grand-parents paternels qui avaient donc eux aussi des liens de parenté. Enfin,
je vous rassure: un tel éloignement generationel est considéré comme un lien de parente nul. Comme on le disait plus haut, nous sommes tous cousins a un degré plus ou moins élevé.
Aujourd'hui chacun des seize arrière-arriere-grand-parents de Tom et Arthur ont ete
documentes sur ce blog, voire quelques
ancetres plus anciens. Dans les prochains mois, je vais m'atteler a remonter d'une generation, et consolider les informations relevees sur leurs arriere-grand-parents.
Si vous les avez rates, voici les liens vers les profils des ancetres de quatrieme generation dont les naissances s'etalent sur 39 ans, entre 1871 et 1910. Ils ont donc connus une voire deux guerres mondiales:
- Du cote de Marie-Anne:
- Du cote de Cedric: