10 février 2000

Camille Chambaz (1897-1983)

En plongeant dans les archives de nos aïeuls directs, il est aussi des personnes qui emergent en dehors des lignees directes. Camille Chambaz, frère de mon arrière-grand-pere, Charles, et parrain de mon père, Bernard, en fait partie. J'en ai parle en film, mais voici toute son histoire... (dernière mise a jour: le 19/2/2024)


Sixieme enfant de Joseph CHAMBAZ et Léoncie CARON, né le 17mai 1897, Camille est comme son frère aine electricien dans le civil. Il reside sur le lieu dit du Sappey sur la commune de Saint Barthelemy de Sechilienne avant d'etre mobilise au titre du 4ème régiment du Génie, le 7 janvier 1916. Il fait partie de la classe 1917 sous la fiche matricule n°301. Son frere Charles l'a devance de deux annees pendant lesquelles les echanges sont rares et filtres comme en atteste ce cliche utilise en guise de carte postale entre les deux freres. On y voit au recto que Charles porte encore les insignes du regiment 107 d'Artillerie Lourde ou il a ete affecte en 1915 apres avoir glane une croix guerre des la premiere annee de conflit. Au verso les nouvelles du front sont succinctes.



Initialement classé soutien indispensable de famille en 1915, Camille doit finalement rejoindre le 7 janvier 1916 le 4ème régiment du Génie dans lequel il va effectuer ses classes du haut de son mètre soixante-six

Le Soldat Camille Chambaz pose dans son uniforme du 4ème régiment du Génie ou il a été affecté du 7 janvier 1916 au 25 mai 1917

Fiche matricule de Camille Chambaz... Des états de service a rallonge.


Cinq mois plus tard,  le 25 mai 1917, il est affecté au 11ème régiment du Génie, avant de passer à l'aéronautique militaire, comme élève pilote, le 25 juin 1917. A l'époque l'armée de l'air n'existe pas encore, et ce sont les corps de la Marine et surtout de l'armée de terre qui fournissent les hommes. Cela explique pourquoi sur certains cliches de pilotes de la premiere guerre mondiale on voit des soldats aux uniformes dissonants...

 

Envoyé d'abord à l'école d'aviation militaire de Dijon, pour suivre la formation théorique de la division SPAD, il poursuit son cycle de formation à l'école d'aviation militaire d'Ambérieu, avec les cours pratiques. Il obtient le brevet de pilote militaire n° 8406 à l'école d'aviation militaire d'Ambérieu, le 5 septembre 1917. 


Entrée de l'école d'aviation militaire d'Ambérieu - Carte postale d'époque.

Ce Nieuport 11 codé "11" vient de terminer sa carrière en école - Cet avion cassé au cours d'un atterrissage qui s'est terminé par un cheval de bois, suivi d'un retournement, était dans le fond photo de Camille Chambaz - Il est probable que ce soit un accident qui lui est arrivé - Les marquages peuvent correspondre à l'école d'aviation militaire d'Avord, où il effectuait son stage "Avions rapides" 


Il s'ensuit un stage de perfectionnement "Avions rapides" à l'école d'aviation militaire d'Avord au cours duquel Camille sera nommé Caporal, le 15 septembre 1917, puis un stage de spécialisation "Haute Ecole" à l'école d'aviation militaire de Pau, jusqu'au 27 novembre 1917 


Désormais, il est arrivé au terme de sa formation de pilote militaire. Pendant cette période de cinq mois, il a surtout volé sur des avions-école ou des appareils retirés du front, pas vraiment representatifs de ceux qui combattent alors. Initiallement pilote du Groupe Des Entrainements du 27 novembre 1917 au 10 février 1918, il se familiarise donc avec les avions du moment, en convoyant certains vers les escadrilles du front et meme en s'entrainant sur les SPAD VII et XIII. Il a reçu la licence FAI n° 7933 qui a été émise, sur sa demande, par l'Aéroclub de France, le 3 décembre 1917. Il s'agit de l'équivalence civile du brevet militaire.



Il rejoint ensuite l'escadrille SPA 92 du 10 février au 4 septembre 1918. Il sera rejoint dans l'escadrille par son frere Charles le 31 mars 1918 et sera lui-meme nommé Sergent, le 16 avril 1918, avant de recevoir deux citations a l'ordre de la division en juillet 1918 puis en août 1918.


Les freres Chambaz, pilotes de la N92 en 1918
Carnet de campagne de l'Escadrille N92 figurant les deux freres Chambaz dans ses effectifs
Pilotes officiers, sous-officiers et caporaux de l'escadrille N 92 sur le terrain de Belrain, près de St-Mihiel (Meuse) - Le Cne Georges de Geyer d'Orth, commandant de l'escadrille du 30 mai 1917 au 2ème trimestre 1919, est le 5ème à partir de la gauche - Deux aviateurs portent l'insigne métallique de l'unité - Une autre photo très dégradée, montrant uniquement les officiers, est datée du 17 juillet 1917

Quel etait le quotidien de ces pilotes lors de la Premiere Guerre Mondiale?

Au niveau de la nourriture, comme du logement, les aviateurs et membres de l'aviation militaire étaient en général plutôt mieux traites que la plupart de leurs collegues dans les tranchees. Baraquements en dur, en bois, parfois quelques tentes, et si cela ne suffisait pas, ils pouvaient etre heberges chez l'habitant. Au gré des déplacements, il arrivait que les officiers soient d'ailleurs logés dans des demeures bourgeoises locales, châteaux ou manoirs.

Camille partant en chasse pour
améliorer l'ordinaire
Il en va de même pour la nourriture. Le facteur important est que généralement une escadrille s'installait pour une durée assez longue, un ou plusieurs mois, la tambouille était donc fixe, avait le temps de s'installer et de nouer des relations plus fructueuses avec les locaux. Un autre point très important, la nourriture était chaude. Dans les tranchées, le temps que le cuisinier remonte le dédale des installations creusées, la soupe était souvent froide. Enfin la chasse était pratiquée pendant le temps libre, pour améliorer l'ordinaire. 

La position en retrait des escadrilles par rapport aux tranchées évitaient quelles soient bombardées (sauf en cas de raid aérien, assez rares à l'époque). Les permissions etaient aussi relativement fréquentes pour les pilotes, et elles permettaient à ces jeunes hommes de passer une ou plusieurs soirées en ville, afin d'oublier que chaque jour qui commençait pouvait for bien être le dernier. En virée les aviateurs étaient vraiment les "stars" de l'époque, surtout les pilotes de chasse. Georges Guynemer a été adulé à un point totalement inimaginable de nos jours. Autre point de détail mais important pour le moral : le courier, malgré la guerre, fonctionnait aussi bien et parfois mieux que maintenant. Deux jours la plupart du temps entre le front et les familles.

Si les conditions materielles étaient meilleures que celles du fantassin, elles restent a nuancer quand même. On retrouve beaucoup de ce qu'on appelle désormais du stress post-traumatique chez les aviateurs. La solitude au combat, la mort par le vide ou les flammes… On trouve souvent dans les fiches de carrière des pilotes des affectation a l'escadrille VR75. A l'époque le type d'avion utilisé déterminait le nom d'escadrille. Les frères Chambaz ont ainsi évolué au sein de la N92. N parce que Nieuport. Si l'escadrille passait sur Spad elle devenait la SPA 92. Ou VB101 pour Voisin Bombardier, F pour Farman, etc. Donc qu'est ce-que la VR75 ? Il n'y a aucun avion portant de telles initiales, la VR 75 était une maison de repos située à Viry-Chatillon près de Paris. Les aviateurs "fatigués" y restaient un ou deux mois, à l'issue desquels soit ils retournaient en escadrille de combat, soit s'ils étaient vraiment "usés" ils rejoignaient les école de formation, des constructeurs d'avions ou ils convoyaient les nouveaux appareils vers les escadrilles.

A gauche, Camille en tenue de vol, casque a la main.

Pour ce qui est de se protéger contre le froid dans les airs, les aviateurs disposaient de vestes en cuir et de pantalons eux aussi en cuir. Ils portaient également des casques Roold en cuir et carton bouilli, et on trouve également des masques faciaux en cuir pour protéger des gelures qui malgré tout arrivaient assez souvent. A la fin du conflit, certaines combinaisons chauffantes (électriques) avaient fait leur apparition. Sans oublier bien sûr les lunettes de vol.

Quand les froids plus importants venaient, ils enfilaient des pelisses fournies par l'armée, en général en poil de chevre, qu'ils portaient au dessus de leurs combinaisons de vol et uniformes non sans les agrémenter de tout ce qui pouvait les protéger du froid. Cela pouvait etre des pulls ou même du papier journal qu'ils plaçaient au niveau de la cage thoracique afin d'éviter de s'abîmer plèvre et poumons. De nombreux aviateurs ont eu les poumons grillés à force de voler au dessus de 3500m en plein hiver - certains de cette période ayant été de surcroît redoutables. Les pilotes plus fortunés se faisaient confectionner des pelisses en poil de loup ou autre, plus chères certes mais ausssi plus protectrices. De même, on trouve nombre de courriers où les pilotes demandent à leurs familles des gants, des écharpes et pull-overs.
Nieuport 24 bis n° 4039 codé "15" du Cal Camille Chambaz, pilote de l'escadrille N 92 entre le 10 février au 14 mai 1918 

Mais au-dela des risques lies au froid et au vol lui-meme sur ces avions de la premiere heure, il y a aussi le concret danger que  l'on est en situation de guerre… 


Ainsi le 4 Septembre 1918, dans la région de Soissons-Braine-Fisme, Camille est au manche du SPAD XIII n° S 15.349 à moteur HS de 220 HP n° 18.637 et engage un combat contre une forte patrouille de Fokkers et abat vraisemblablement un des adversaires. Lors de ce combat aérien, il est lui-meme touche probablement par le Ltn Werner Peckmann du JaSta 9 (sa 3ème victoire) et est contraint d'atterrir en zone occupée par les Allemands qui le feront prisonnier. 

Sgt Camille Chambaz, pilote de l'escadrille N 92, fait prisonnier après un combat aérien contre un pilote du Jasta 9, le 4 septembre 1918 - Il a été contraint d'atterrir dans la région de Soissons-Braine-Fismes. Il est photographié en studio avec deux autres militaires français - Leurs matricules militaires ont été inscrits à la craie sur leurs tenues - Il s'agit à la fois d'une photo servant à l'identité des prisonniers au sein des camps allemands et destinée à rassurer les familles.

Photo des membres de la JaSta 9 prise le 14/09/1918 pour célébrer la 100e victoire autour de son chef Walter Blume, habillé de noir, devant un Fokker DVII décoré pour l'occasion. Ltn Wener Peckmann est a droite de son commandant.


Il s'evadera et rentrera en France, le 26 septembre 1918 ramenant des renseignements precieux a l'etat-major, puis retrouvera l'escadrille SPA 92 du 6 décembre 1918 au 18 avril 1919.  Cet episode lui donnera droit par décision du Ministre de la Guerre en date du 29 mai 1933 (J.O. 30 juin 1933, p. 6.387), a la Médaille des évadés, avec maintien de la citation relative à l’évasion.



Camille recevra la Croix de Guerre et citation n° 421 à l'ordre de l'armée, en date du 27 décembre 1918:

Croix de Guerre et citation n° 421 à l'ordre de l'armée du MdL Camille Auguste Chambaz, pilote à l'escadrille SPA 92 du groupe de combat n° 22, en date du 27 décembre 1918 : "Pilote très courageux, animé au plus haut sentiment du devoir. Le 4 septembre 1918, ayant engagé un combat contre une forte patrouille de Fokker, a dû atterrir dans les lignes ennemies par suite d'une panne après avoir probablement abattu un de ses adversaires. Fait prisonnier, a réussi à s'évader et à repasser les lignes en plein secteur d'attaque, quelques jours après sa capture rapportant des renseignements importants."


Pendant cette période, l'escadrille SPA 92 a été stationnée à Dogneville, près d'Epinal (Vosges), jusqu'au 10 décembre, puis sur un ex-terrain allemand à Haguenau jusqu'au 18 mai 1919. L'escadrille SPA 92 a ensuite été dissoute, le 15 juillet 1919. Camille rejoint alors l'escadrille SPA 23 qui partageait le meme terrain a Haguenau du 18 avril au 4 août 1919

Le terrain d'aviation de Strasbourg-Neuhof était occupé par les Nieuport-Delage NiD 29 du 2ème régiment d'aviation de chasse - Camille a d'abord été pilote de la 4ème escadrille (traditions de la SPA 15), puis de la 9ème escadrille (traditions de la 9ème escadrille (traditions de la HD 174) du même régiment - Carte postale d'époque.
La caserne "Guynemer" implantée en bordure du terrain d'aviation du Polygone à Strasbourg-Neuhof - Elle était occupée par les aviateurs du 2ème régiment d'aviation de chasse - Elle a été construite par les Allemands en 1913 et a été utilisée pendant la Grande Guerre par le Flieger Bataillon n° 4 - Après la guerre et l'arrivée du 2ème RAC sur place, elle a été renommée "Caserne Guynemer" puis plus récemment "Quartier Aubert de Vincelles" et abrite l'état-major du corps européen, depuis 1993 - Carte postale d'époque.
Vue générale des installations occupées par le 2ème régiment d'aviation de chasse de Strasbourg-Neuhof de 1919 à 1933 - Ce terrain, très proche de l'Allemagne, était particulièrement exposé aux attaques aériennes - Il sera abandonné par les aviateurs, le 1er septembre 1933 - Carte postale d'époque.

Camille, kepi noir a gauche de l'insigne accompagne des pilotes et mecaniciens de la 4eme escadrille du 2eme regiment d'aviation de chasse de Strasbourg-Neuhof

A gauche, le Sgt Camille Chambaz, pilote de la 4ème escadrille du 2ème régiment d'aviation de chasse de Strasbourg, assure l'encadrement de jeunes recrues faisant leur service militaire au début des années 20. Les soldats sont armés de mousquetons d'artillerie Gras Mod 1866 / 1874 de 11 mm, pas vraiment modernes 

Le Sgt Camille Chambaz, pilote de l'escadrille SPA 23 du 18 avril au 4 août 1919, pose aux commandes d'un SPAD XIII de son unité, à l'intérieur d'un hangar du terrain d'aviation de Haguenau entre juillet et le 7 août 191. On distingue nettement la large bande rouge de fuselage qui ornait tous les avions de la SPA 23 

Camille en bonne compagnie. Nieuport-Delage NiD 29 codé "4" de l'Adj Camille Chambaz, pilote de la 9ème escadrille du 2ème régiment d'aviation de Chasse de Strasbourg au cours d'un atterrissage en campagne, probablement en raison d'une panne moteur, très courante à l'époque

Nieuport Delage NiD 622 codé "2" de l'Adj Camille Chambaz, pilote de la 9ème escadrille (traditions de l'escadrille HD 174 de la Grande Guerre) du 2ème RAC après un capotage, le 16 janvier 1933 - A cette époque, sur les terrains en herbe, les capotages étaient très fréquents et se terminaient souvent par des retournements complets - Camille n'a pas été blessé, ce jour là .


Camille contracte un engagement de six mois, à compter du 3 octobre 1919. Avec la création des régiments d'aviation, il est affecté à la 4ème escadrille (traditions de l'escadrille SPA 15) du 2ème régiment d'aviation de chasse de Strasbourg, le 1er janvier 1920. Il signe un nouveau contrat de six mois, à compter du 2 avril 1920, puis un autre d'un an, au titre du 2ème régiment de chasse de Strasbourg, le 2 octobre 1920.


Le  9 avril 1921, il participe au Meeting de Lyon-Bron avant de prendre part avec son escadrille et comme beaucoup d'unités de chasse française, à l'occupation des pays Rhénans du 15 mai au 27 juin 1921. Il signe un nouveau contrat d'un an, le 2 octobre 1921. Le 1er février 1922, il est décoré de la Médaille du combattant volontaire. Apres un passage a Cazaux pour une formation, il est lui-mémé dirigé comme instructeur des candidats au sein du 11e RAB de Metz le 29 juin 1922.


Le 6 septembre 1922, il est toutefois victime d'un grave accident en service aérien commandé, s'ecrasant non loin de Strasbourg Polygone


Accident du SPAD XIII n° S 863 codé "VI" piloté par le Sgt Camille Chambaz, pilote de la 4ème escadrille du 2ème régiment d'aviation de chasse de Strasbourg, le 6 septembre 1922.


Malgre cet accident qui lui vaudra une large blessure a la jambe droite et un raccourcissement de 4 cm du membre (un moindre mal au vu de l'epave), il se rengage pour un an, au titre du 2ème régiment de chasse de Strasbourg, le 2 octobre 1922, et obtiendra la Médaille Militaire, le 20 décembre 1922 avant d'etre promu Adjudant, le 1er février 1923.

Le 20 décembre 1922, la Médaille Militaire est décernée à l'Adj Camille Chambaz, pilote du 2ème régiment d'aviation de chasse de Strasbourg - Cette décoration lui a été remise sur le front des troupes au début de l'année 1923. Camille au centre, avec la canne.

Caricature des pilotes de l'escadrille en Mai 1922. On note que Camille est représenté avec un petit marche-pied pour accommoder sa jambe raccourcie.

Slt Camille Chambaz pose dans sa tenue d'officier pilote du 2ème régiment d'aviation de chasse de Strasbourg dans les années 30 - Il porte son insigne métallique (macaron) de pilote militaire sur la bandoulière et l'ensemble de ses décorations - Son képi porte le numéro "2", marque de son régiment d'aviation 

Camille devant ses quartiers... une simple tente de campagne


Le 18 décembre 1923, il epouse Louise Marie Dussolle qui habite 11 avenue des Vosges à Strasbourg (Bas-Rhin), alors qu'il s'est rengagé pour deux ans, au titre du 2ème régiment de chasse de Strasbourg, le 2 octobre 1923. Il est maintenu en "service armé" malgre ses sequelles, avec une pension temporaire, par la commission de réforme de Strasbourg (Bas-Rhin), le 28 septembre 1923. Il rempile pour un an, au titre du 2ème régiment de chasse de Strasbourg, le 2 octobre 1925, et a nouveau , le 2 octobre 1926. Le 10 mai 1927 il est a nouveau maintenu "service armé" avec pension temporaire de 15 % pour raccourcissement de 4,5 cm de la cuisse droite suite à fracture du fémur par la commission de réforme de Strasbourg (Bas-Rhin), avant de recevoir une pension définitive de 360 francs le 28 septembre 1927. Il se rengage pour un an, au titre du 2ème régiment de chasse de Strasbourg, le 2 octobre 1927 avant d'etre promu Adjudant-Chef, le 1er avril 1928, d'obtenir le brevet de chef de section n° 2870 et d'etre admis dans le cadre des sous-officiers de carrière, le 3 août 1928. 


Personnels navigants et mécaniciens de la 9ème escadrille du 2ème régiment d'aviation de chasse de Strasbourg - Elle est équipée de Nieuport 622 - Cette escadrille a été dissoute, le 13 décembre 1933.

Pilotes de la 9ème escadrille du 2ème régiment d'aviation de chasse de Strasbourg - Elle est équipée de Nieuport 622 - Cette escadrille a été dissoute, le 13 décembre 1933, quand la 10ème escadrille du régiment, avec qui elle composait le 3ème groupe, a été affectée sur le terrain de Reims-Courcy - Camille Chambaz est en 9ème position à partir de la gauche - Le sergent-chef en 7ème position, toujours à partir de la gauche, porte l'insigne métallique de l'escadrille - Les casquettes portent le numéro "2" du régiment, au milieu des ailes ou au centre d'un cercle, pour trois d'entre eux (pilotes de la réserve ?) - Les ailes de poitrine des officiers comportent également le "2" du régiment.

Pilotes d'active et de réserve de la 9ème escadrille du 2ème régiment de chasse de Strasbourg - Les mécaniciens sont en cabine après avoir lancé les moteurs et assuré la montée en température des propulseurs - Camille Chambaz est au centre, en arriere plan, repéré par une étoile blanche.


En 1930, Camille ouvre a un fond de commerce a Strasbourg Neudorf afin de tenir un cafe-restaurant au nom evocateur : "Au rendez-vous des aviateurs".  Passé, par réorganisation, à la 3ème escadrille de la 6ème escadre de chasse, le 16 septembre 1933 il part en retraite complémentaire et est renvoyé dans ses foyers, à compter du 10 février 1934. Il sera par décret du 23 décembre 1933 (J.O. 27 déc. 1933, p. 12.884 et 12.886), nommé au grade de chevalier dans l’Ordre de la Légion d’honneur:


Il s'etablit au 7, place des Colombes à Strasbourg-Neuhof (Bas-Rhin), à compter du 10 février 1934 et est affecté au centre de réserve d'aviation n° 21, le 25 mars 1935. Il est ensuite affecté au centre de réserve d'aviation n° 21, le 25 mars 1935. C'est cet organisme qui est chargé de le rappeler à l'activité en cas de crise grave ou de mobilisation générale... Or celle-ci ne va pas tarder. 


Suite à un changement dans la désignation des unités, le 6ème escadre de chasse de Reims-Courcy devient la 42ème escadre mixte avec le GM I/42 (traditions des SPA 95 et SPA 153) et le GC II/42. De son côté, la 42ème escadre mixte de Chartres prend la désignation de 6ème escadre de chasse. Elle est maintenant composée de deux groupes, le GC I/6 (traditions des SPA 96 et SPA 12) et GC II/6 (traditions des SPA 26 et SPA 124).


Le 20 juin 1932, Camille divorce. Le 16 février 1937, il epouse en secondes noces Mlle Alice Georgette Célestine Louise Hufschmitt à Strasbourg (Bas-Rhin). Il est envoyé dans ses foyers et reaffecté, dans la réserve, à la base aérienne de Nancy (Meurthe-et-Moselle), le 28 mai 1937. Un an plus tard, Camille est nommé Sous-Lieutenant de réserve de l'armée de l'Air du cadre navigant, le 25 juin 1938. Il est réintégré dans les cadres, le 25 octobre 1938 et rappelé au bataillon de l'air n° 121, le 13 avril 1939. Il est finalement renvoyé dans ses foyers, le 3 mai 1939.

 

A la declaration de guerre, le 3 septembre 1939, Camille est reincorpore et nommé commandant de la section provisoire d'avions estafettes 220/121. Cette unité était rattachée à l'état-major des forces aériennes du 20ème corps d'armée dont dépendait le GAO 1/520. Le GAO 1/520 et la section provisoire equipee d'avions ANF Les Mureaux 115 ont été déployés sur le terrain de Morhange (Moselle). 

Visite du Président du conseil Edouard Daladier sur le terrain de Morhange, le 12 novembre 1939 - Il a occupé ce poste du 10 avril 1938 au 21 mars 1940, puis a été ministre de la Défense du 21 mars au 18 mai 1940 - Le jour de la visite, il s'est fait présenter les personnels des unités déployées sur place - Il était accompagné de M. Guy La Chambre, ministre de l'Air et du général d'armée aérienne Joseph Vuillemin, chef d'état-major de l'armée de l'Air - Il a remis des décorations sur le front des troupes.

Remise de la Croix de Guerre à un équipage du GAO 1/520 déployé sur le terrain de Morhange par le Général Joseph Vuillemin, chef d'état-major de l'armée de l'Air, le 12 novembre 1939,

Revue des troupes par le Président du conseil et ministre de la Défense nationale Edouard Daladier sur le terrain de déploiement du Morhange, le 12 novembre 1939 - Juste derrière lui, le ministre de l'air Guy La Chambre.

Une semaine plus tard, le 10 septembre 1939, deux ANF Les Mureaux 115 du GAO 1/520, détaché auprès du 20ème Corps d'Armée, sont envoyés en mission de réglage d'artillerie sur les deux aérodromes de Saarbrücken. Chaque ANF 115 reçoit un objectif différent et est protégé par quatre MS 406 appartenant au GC I/3, le groupe de chasse rattaché à la 4ème Armée. Les six appareils passent sous le plafond nuageux, à une altitude proche de 1500m, ce qui est juste pour une telle mission. Après une demi-heure de travail sans problème, ils sont engagés par quatre Messerschmitt Bf 109 E de la 1./JG 53, qui effectuait une patrouille entre Trier et Saarbrücken. Deux des chasseurs allemands s'en prennent à l'escorte et attaquent la patrouille basse en tenaille, avant d'être découragés par les deux autres Morane et quittent la zone sans insister. Plus bas, le Mureaux 115 n° 106 est rattrapé alors qu'il tentait de s'échapper et abattu, probablement par l'Unteroffizier Heinrich Bezner, qui obtient sa première victoire aérienne. L'appareil français s'écrase entre Hessling et Zinzing, entraînant dans la mort le Sgt Jean Tacquart (pilote) et le Ltt Henri Pottier (observateur). L'autre appareil est également attaqué par l'Oberfeldwebel Walter Grimmling qui commande la patrouille, et le Lieutenant Georg Claus. Il est criblé de balles et son observateur, le Ltt André Cappoen (réserve), est blessé. Le Sgt Roger Lahaye parvient à poser son avion entre Auersmacher et Gorssbliederstroff, à proximité des positions de la 11ème division d'infanterie. Les deux pilotes allemands seront décorés de la Croix de Fer de seconde classe. Le Ltt Cappoen et le Sgt Lahaye recevront la Croix de Guerre des mains du Général Vuillemin à Morhange, le 12 novembre 1939.


Il s'agit la d'un avant-gout de ce que l'aviation française va subir lors de cette Drôle de Guerre. La situation est bien décrite dans le livre d'Antoine de St Exupery, "Pilote de Guerre". On y découvre une arme aérienne dépassée par le nombre et la force de frappe de la Luftwaffe. L'auteur du Petit Prince y narre son experience personnelle au sein d'equipages que l'on sacrifie au gré de missions de reconnaissance dont la debacle fait que les renseignements, s'ils sont ramenés par les equipages, ne servent a rien...


La section d'estafette 70/102 dans laquelle operait Camille ayant été dissoute, il est affecte au commandement de la section sanitaire 2/110. Il se replie a Lezat-sur-Arieges le 10 juin 1940.


Après l'armistice du 22 juin 1940, la situation de l'aéronautique militaire française est assez compliquée, un certain nombre de groupes de chasse se replient depuis la France vers l'Afrique du Nord, puis vers Meknès au Maroc, comme les groupes de chasse GC I/4 et II/4. 


Ainsi au gré des réorganisations successives des unites et après un passage a la base de Toulouse et au centre de travailleurs de Pinsaguel et Cugnaux en haute Garonne, Camille est enfin affecte en Afrique du Nord le 25 janvier 1941. Il arrivera dans un premier temps en Algérie ou il attend son affectation qui arrivera la 1er février. Il rejoint alors dans un premier temps le 5eme Regiment Inter-Armes puis le 8 avril est transféré a la 113e compagnie indigene du 2e RIA sur la base aérienne de Maison Blanche a Alger. La compagnie sera ensuite relocalisee a Marrakech en Septembre 1941. Camille est du transfert, et se pose a Marrakech le 17 Septembre 1941 avant d'être promu Lieutenant de Reserve le 15 mars 1941 par ordre du secrétaire d'état a l'aviation (DM n° 42 SPAA/2R du 21 avril 1941).


Sa femme et sa niece l'ont suivi en Afrique du Nord et se sont établis sur la base Marrakech. Ils sont sur place lors de la visite du General Huntzinger, ministre de la guerre de Petain fait son ultime visite des troupes en Afrique du Nord. Les archives photographiques montrent deux cliches de l'avion officiel qui s'écrasera quelques heures plus tard a son retour dans l'espace aérien de l'Hexagone le 12 novembre 1941.

Avion Potez 662 immatriculé F-ARAY utilisé par le General Charles Huntziger, ministre de la guerre du gouvernement de Vichy pendant sa mission d'inspection en Afrique du Nord - Cet avion s'est écrasé, au retour de la mission, dans les reliefs des Cévennes, à un kilomètre au Nord-Ouest du col du Minier (Gard), sur le territoire de la commune de Bréau-et-Salagosse, le 12 novembre 1941.  Le général, les membres d'équipage et les officiers qui l'accompagnaient ont tous été tués. Les autres victimes sont le Cne François Joseph Jean Hyacinthe Rocaboy (cdmt de bord), Slt Georges Auguste Nicolas Lefebvre (pilote), Adj Marcel Armand Camille Gaspard (radio), Sgc Pierre Félix Chavanne (mécanicien), M. Jean Labusquière (directeur du cabinet civil), Cne de Royère (officier d'ordonnance) 

Pendant la période de Vichy, la base aérienne de Meknès est occupée par deux escadrilles de bombardement entre 1940 et 1942.  Après le débarquement des Alliés à Casablanca le 8 novembre 1942, les cartes aéronautiques françaises sont rebattues, et la base aérienne de Meknès connaît un certain déclin, alors qu'un terrain d'aviation est implanté par les Américains à quelques kilomètres au sud de la ville pour assurer des fonctions logistiques. En avril 1943, la "Division Chasse" est creee a Marrakech ou elle cohabite avec les groupes de bombardement américains présents au Maroc depuis leur débarquement à Casablanca en 1942. 


Camille est affecte le 8 février 1943 a la Compagnie de l'Air 22 stationnée au Maroc et y est reporte encore en juillet 1943, dans les derniers états de service disponibles (a date?).


En décembre 1943, le transfert à Meknès de la "division chasse" est décidé ainsi que son changement de nom en Centre d'Instruction de la Chasse (CIC) de Meknès, organisé en trois escadrilles et disposant de 108 appareils de divers types, en provenance des quelques unités opérationnelles stationnées en Afrique du nord: Curtiss H-75, Dewoitine D.520 et A-24, ainsi que NA-57 (variante française du T-6), MS 230 et MS 315, Stinson, Caudron Simoun, quelques Stampe SV-4, etc. Une 4e escadrille est formée en février 1944 qui permet l'enseignement du pilotage sans visibilité. 

En février 1944, tandis que son épouse et sa niece sont encore a Marakech, Camille est present a Meknes. Il y a tout a penser que du haut de ses 47 ans il contribue a former les pilotes de la FAFL.

À partir de mai 1944, le CIC reçoit des appareils plus ou moins réformés en provenance des Alliés, des Hawker Hurricane, des Curtiss P-40, des Bell P-39 puis quelques Spitfire et Republic P-47, inaptes au combat mais utilisables en école, ce qui permet de créer à Meknès une "training unit" regroupant rapidement les autres trainings du Maroc, qui deviendra le Centre de Perfectionnement à la Chasse (CPC) en 1945.

Camille, Alice et leur niece Agnes nee en 1933 au Maroc. Au verso de la photo de droite la mention "Chalet 21 aviation, Marrakech (Fevrier 1945)"
Visite de Marrakech entre amis
Scenes de la vie militaire marocaine pour les soldats de metropole et locaux, réunis autour d'un méchoui
Camille au centre du cliche, casquette noire


En 1947 il rentre en France et retrouve le Grand Est après avoir été affecté dans la réserve de la base aérienne de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Il prendra sa retraite militaire et sera admis à l'honoriat de son grade en date du 31 aout 1950. Dans le civil, il gère une boucherie-charcuterie avec son épouse jusqu’à sa retraite. Camille ne revient d'ailleurs que rarement dans les Alpes ayant fait sa vie dans l'Est. 


Ses archives photographiques ne font état que de quelques visites dans le cadre de cérémonies de mariage ou de bapteme. Camille est de fait le parrain de Bernard Chambaz, mon père, qu'il accueillera a l'adolescence pour un ete dans sa region alsacienne... Un parcours en train de Grenoble a Steinbourg, qui une fois prononce avec l'accent local, a failli ne pas réveiller notre adolescent somnolant qui aurait pu a son tour se retrouver en Allemagne s'il n'avait pas saute du train a la dernière minute...

Bapteme de Bernard Chambaz a La Morte (38)

La vie civile, une fois la casquette de pilote raccrochée.


Camille décédera à Saverne (Bas-Rhin), le 16 août 1983, et son épouse Alice sera enterrée à ses cotes en 1998.