




Apres avoir depose les enfants au camping ou ils vont passer deux semaines avec leurs grands-parents (un retour espéré depuis deux ans par ces Français d'Outre-Manche), j'ai decide de finalement ne pas rentrer sur Londres comme initialement prévu. Il est désormais plutôt question de tele-travailler depuis le chalet. Ils disent de travailler de la maison... mais pas de quelle maison.
Mettant a profit ma presence sur les lieux ou ont grandi a la fois la famille maternelle de Marie-Anne et les miennes, j'ai continue d'enrichir mes connaissances généalogiques, village après village, cimetières après cimetières, photo après photo, archive après archive... Aussi, ce sejour rétrospectif s'est aussi révélé etre introspectif...
Je la tiens ma madeleine... Au gré d'une promenade solitaire dans les alpages de Plancol, j'ai mis en bouche une poignée de myrtilles. Et comme Proust l'avait decrit, je suis parti... Les yeux fermes, j'ai écouté tout d'abord le silence de la montagne, avant que celle-ci ne me livre son chant. D'abord les neiges éternelles qui perlent en rythme sur la roche ferrugineuse. Le murmure du ruisseau qui descend vers la vallée. Les dings et les dongs d'un troupeau arpentant les alpages. Au loin une marmotte siffle a l'approche d'un vautour et plonge a l'abri dans son terrier. La bise vient caresser mon visage, emportant avec elle les senteurs des rhododendrons. Il n'y a plus de fard, plus de masque. Je suis present. Ici. La. Je suis ici, mais je suis il y a pas si longtemps, quand enfant je me promenais sur ces mêmes coteaux en ramassant des airelles en guise de dessert. Quand ma grand mere, elle-meme enfant, promenait ses vaches sur ces montagnes. Je suis present, et des larmes coulent sur mon visage. Des larmes chargées de souvenirs et qui s'échappent telles un névé sous le soleil d'aout.
Selon toutes vraisemblances, on peut éloigner l'homme de la montagne, mais la montagne ne sera jamais très éloignée de l'homme...